12 Dec
12Dec

"Le silence" de Dennis Lehane



Résumé

En cet été de 1974, dans la banlieue irlandaise de South Boston, Mary Pat Fennessey mène une existence routinière. Un soir, Jules, sa fille de dix-sept ans, ne rentre pas à la maison, et sa trace disparaît dans la chaleur moite de la ville. La même nuit, un jeune Noir se fait mortellement percuter par un train dans des circonstances suspectes. Ces deux événements sans lien apparent plongent les habitants de Southie dans le trouble.
D'autant que la récente politique de déségrégation mise en œuvre par la ville provoque des tensions raciales et qu'une grande manifestation se prépare. Dans sa recherche effrénée de sa fille, Mary Pat, qui croyait appartenir à une communauté unie, voit les portes se fermer devant elle. Face à ce mur de silence, cette femme en colère devra lutter seule pour faire éclater la vérité, si dévastatrice soit-elle.
Grand roman américain, Le Silence met à nu le cœur sombre d'un pays en plein désarroi à travers le portrait d'une mère au cœur brisé. 

Critique

Après six ans d'absence revoilà Dennis Lehane (auteur entre autre de Gone, Baby, Gone, Mystic River et Shutter Island)   aux manettes d'un polar noir bouleversant et intelligent, mêlant intrigue policière, racisme et drame familial sur fond historique.
En 1974, alors que les États-Unis achèvent leur retrait du Vietnam, les actions de déségrégation s'intensifient et les autorités se préparent à lancer les premières opérations de "busing", transportant des élèves noirs dans des écoles blanches et vice-versa, pour favoriser la mixité. C’est l’étincelle qui met le feu aux poudres
Un soir, la fille de Mary Pat Fennessy, Jules, ne rentre pas. Dans le même temps, Auggie Williamson, un jeune Noir, meurt dans des circonstances troubles dans une station de métro d’un quartier blanc. Serait-ce lié ? Un mur du silence se dresse…
Dennis Lehane nous plonge donc une nouvelle fois au cœur d'une communauté irlandaise de Boston pauvre, raciste, ségrégationniste, Bourrée de préjugés transmis au fil des générations par cette communauté  Mary Pat va progressivement prendre conscience des dangers de cet engrenage, 

" le Silence " est un magnifique portrait de femme 


"Okavango" Caryl Ferey



Résumé

Engagée avec ferveur dans la lutte antibraconnage, la ranger Solanah Betwase a la triste habitude de côtoyer des cadavres et des corps d'animaux mutilés. 

Aussi, lorsqu'un jeune homme est retrouvé mort en plein coeur de Wild Bunch, une réserve animalière à la frontière namibienne, elle sait que son enquête va lui donner du fil à retordre. D'autant que John Latham, le propriétaire de la réserve, se révèle vite être un personnage complexe. 

Ami ou ennemi ? Solanah va devoir frayer avec ses doutes et une très mauvaise nouvelle : le Scorpion, le pire braconnier du continent, est de retour sur son territoire...

Premier polar au cœur des réserves africaines, Okavango est aussi un hymne à la beauté du monde sauvage et à l'urgence de le laisser vivre. de texte

Critique

Au bord de l’Okavango en Namibie, dans la réserve animalière de Wild Bunsh, le cadavre d’un jeune pisteur est découvert. C'est le début d'une enquête menée par deux rangers, Seth et Solannah, qui luttent contre le braconnage.
En se rendant dans cette réserve, ils feront la connaissance de John, propriétaire blanc sud africain et N/Kon , un san.
Au delà de la maitrise du genre polar, il est question de culpabilité et de rédemption.
Sous un arrière plan historique, héritage de la colonisation, guerres civiles, spoliation des autochtones, le roman s'engage aux cotés des hommes qui subissent le joug des puissants mais également du coté de la cause animale.
Caryl Ferey nous dresse un tableau du braconnage moderne qui profitent aux groupes armés y compris terroristes avec Hong Kong comme plaque tournante

"La colère" de SA Cosby


Résumé

Un état des lieux sans concession de l’Amérique des marges.
Ike Randolph est noir. Buddy Lee Jenkins est blanc. En Virginie-Occidentale, cela revient à dire que tout les oppose. Ils ont pourtant été tous les deux pareillement lamentables en dénigrant avec la même violence l’homosexualité de leurs fils, maintenant mariés l’un à l’autre. 

Alors, quand Isiah et Derek sont assassinés, la douleur a un goût de culpabilité. Qui a tôt fait de se transformer en colère, un colère viscérale, qui réclame un exutoire.

Critique

Ike Randolph est noir. Buddy Lee Jenkins est blanc. Dépassant la cinquantaine, Ike s'est rangé après un énième séjour en prison. Buddy Lee végète dans sa caravane pourrie. 

La mort de leurs fils, gays, va les faire vaciller, leur faire jeter un autre regard sur les choses et les hommes. Ces deux types meurtris par cette perte refusent de laisser les coupables s'en sortir. 

La sensibilité à fleur de peau du récit est là, avec deux personnages détestables de prime abord qui cherchent (enfin) à comprendre, à accepter l'homosexualité de leurs enfants, à leur dire par les mots et les actes qu'ils les aiment et qu'ils sont déchirés de ne pas leur avoir dit avant. 

A ces scènes de tendresse, d'émotions et de beauté déchirante, Cosby oppose le récit d'une vendetta sanglante gorgé d'adrénaline,entrecoupé d'instant de pure violence 

C'est un roman noir sensible bourré de testostérone

"Les éclats" de Bret Easton Ellis



Résumé

Los Angeles, 1981. Bret, dix-sept ans, plongé dans l’écriture de Moins que zéro, entre en terminale au lycée privé de Buckley. Avec Thom, Susan et Debbie, sa petite amie, il expérimente les rites de passage à l’âge adulte : alcool, drogue, sexe et jeux de dupes.
L’arrivée d’un nouvel élève fait voler leurs mensonges en éclats. Beau, charismatique, Robert Mallory a un secret. Et ce secret pourrait le lier au Trawler, un tueur en série qui sévit dans les parages. Terrorisé par toutes sortes d’obsessions, Bret se met à suivre Robert. Mais peut-il se fier à son imagination paranoïaque pour affronter un danger menaçant ses amis et lui-même, et peut-être la ville et le pays entier ?
Dans 'White', son livre précédent, Ellis écrivait : « Je grandissais au pied des collines de Sherman Oaks, mais juste au-dessous s’étendait la zone grisâtre du dysfonctionnement extrême. Je l’ai perçu à un âge très précoce et je m’en suis détourné en comprenant une chose : j’étais seul. » Les Éclats est le roman de ce détournement et de cette solitude.

Critique

Avec une vraie audace, le romancier réinvente sa propre vie sous la forme d'un polar dans un style qui n'appartient qu'à lui. 

On y retrouve les thèmes de prédilection de ces précédents romans : la «torpeur» et la «dérive» des jeunes gens de Moins que zéro, le serial killer d’American Psycho, la paranoïa de Lunar Park .

Le terrain est familier, d'autant que le narrateur du roman,  Bret  travaille à son premier texte intitulé… Moins que zéro. Mais très vite, une ombre plane sur la ville, Los Angeles ; un tueur en série  aux rituels sordides surnommé le Trawler («le chalutier») assassine des jeunes filles.

Avec l'entrée en scène de ce personnage, la vie de Bret bascule dans un film noir, peuplé de femmes fatales et de jolis garçons menteurs, un film hypnotique, ancré dans un univers aussi séduisant que dangereux.

 «les éclats» est un polar malsain et sulfureux , qui tient ses promesses.

"Une saison pour les ombres" de RJ Ellory



Résumé

Nord-est du Canada, 1972. Dans cette région glaciale, balayée par les vents, où l’hiver dure huit mois, la petite communauté de Jasperville survit grâce au travail dans les mines de fer. Les conditions de vie y sont difficiles. Au-delà du village, il n’y a rien. Juste une nature hostile, quelques ours, des loups. Aussi quand le corps d’une adolescente du village est découvert aux abords de la forêt, la gravité des blessures laisse supposer qu’elle a été victime d’une bête sauvage. Ce sera en tout cas la version officielle. Et tout le monde prie pour qu’elle soit vraie. Mais, quelques temps plus tard, le corps d’une autre jeune fille est retrouvé.
Montréal, 2011. Le passé que Jack Deveraux croyait avoir laissé derrière lui le frappe de plein fouet lorsqu’il reçoit un appel de Jasperville. Son jeune frère, Calvis, est en garde-à-vue pour tentative de meurtre. De retour sur les lieux de cette enfance, qu’il a tout fait pour oublier, Jack découvre qu’au fil des années, l’assassin a continué à frapper. L’aîné des Deveraux comprend alors que la seule façon de mettre fin à cette histoire tragique est de se répondre à certaines questions, parfois très personnelles. Mais beaucoup, à Jasperville, préfèrent voir durer le mensonge qu’affronter la vérité.
Dans la droite ligne de Seul le silence, R. J. Ellory nous offre un roman troublant de beauté et d’émotion à classer sans conteste parmi ses plus grandes réussites.


Critique

Près de 26 ans après son départ, Jack Devereaux revient à Jasperville  où il retrouvera tout ce qu’il avait laissé derrière lui : le froid, les mines de minerai de fer, la morosité de la ville, la fille qu’il a aimée durant son adolescence,  et les délires de son cinglé de père sur les wendigos (des créatures qui seraient assoiffées de chair humaine). 

Alternant des chapitres du présent  et du passé, le lecteur s’immisce dans la vie de cette famille et nous aide à mieux comprendre ce à quoi Jack a voulu échapper durant toutes ces années.

"Jasperville est déjà un endroit où il est difficile de vivre, où le simple fait d’être dehors peut vous tuer, rappelle R. J. Ellory. Et là, comme si ce n’était pas assez, ses habitants vont aussi devoir faire face à un type de problème complètement différent..."

Une atmosphère à glacer le sang et des rebondissements qui font souvent froid dans le dos. 

Un excellent Ellory.

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